Les habitudes alimentaires en Suisse sont-elles saines et durables ?

28 février, 2023

Alors que dans le précédent article nous abordions le sujet de l’assiette durable “vers la neutralité carbone”, cet article aborde les habitudes alimentaire helvétiques et leurs implications pour la santé et la planète.

C’est en 2015 que la confédération a mené sa première enquête nationale sur l’alimentation en Suisse : menuCH. Cette enquête fournit pour la première fois des données au niveau national sur les habitudes alimentaires de la population et permet de déterminer l’impact de ces habitudes sur la santé nutritionnelle.

MenuCH s’inscrit dans la Stratégie Suisse de nutrition 2017-2024. La stratégie suisse de nutrition a pour ambition de permettre à toute personne vivant en Suisse de se nourrir de manière durable et saine et d’adopter un mode de vie favorable à la santé en fonction de ses moyens et selon son contexte de vie. Les connaissances acquises grâce à menuCH ont permis donc de développer davantage la stratégie mise en œuvre en Suisse en matière de nutrition depuis 2017.

Une étude universitaire publiée en 2020 a analysé les données de menuCH afin d’évaluer l’impact des habitudes alimentaires helvétiques tant sur la santé humaine que sur l’environnement. Le but de l’étude était plus précisément d’identifier les facteurs (consommation élevée ou faible de certains aliments par exemple) de ces différents modèles d’alimentation qui impactent le plus le taux de maladie ou d’émissions de gaz à effet de serre.

Trois conclusions en sont sorties :

  • Premièrement, et à l’instar d’autres recherches sur les régimes alimentaires européens, tous les régimes alimentaires suisses (y compris ceux des végétariens et des végétaliens) sont bien supérieurs à l’objectif de durabilité suggéré de 0,6 tonne de CO2 par habitant et par an, qui est un objectif souhaité pour toutes les catégories de consommation, y compris l’alimentation, mais aussi le transport et le chauffage. Ainsi, même si la population suisse éliminait les produits d’origine animale de son régime alimentaire, l’empreinte écologique resterait supérieure aux objectifs suggérés par habitant !
  • Deuxièmement, l’article constate que la consommation d’une plus grande quantité de céréales complètes est susceptible d’apporter le plus grand bénéfice pour la santé en Suisse, avec peu de conséquences sur les émissions de gaz à effet de serre, et que la consommation d’une moindre quantité de viande transformée offre le deuxième plus grand bénéfice pour la santé, avec également des avantages élevés pour les gaz à effet de serre. La réduction de la consommation d’alcool est également bénéfique pour l’environnement et la santé.
  • Une lecture genrée des résultats indique que les interventions de soutien en faveur d’une alimentation plus saine et durable en Suisse devraient se concentrer sur les hommes ayant un niveau d’éducation élevé, en particulier pour réduire la consommation d’alcool et de viande transformée.

En bref, pour une alimentation saine et durable, l’engagement doit se faire du côté des consommateur·rice·s, chez les producteur·rice·s mais aussi au niveau sociétal et systémique.

Au-delà des changements de régime alimentaire et de l’incitation à modifier les pratiques de consommation, d’autres leviers de changement incluent par exemple la réduction des combustibles fossiles, la réduction d’engrais chimiques et la réduction du gaspillage alimentaire dans les systèmes d’approvisionnement en nourriture, en vue de transformer la production alimentaire à un niveau systémique. Pour influer sur les tendances genrées de consommation, l’éducation doit également jouer un rôle primordial pour permettre l’évolution de ces habitudes.

La diversité alimentaire, l’équilibre nutritionnel, la promotion d’une alimentation saine et durable pour tou·te·s, la sensibilisation auprès des enfants et les enjeux environnementaux sont des messages portés par ma-terre.

 

Sources: Ernstoff et al., 2020, Towards Win-Win Policies for Healthy and Sustainable Diets in Switzerland 

menuCH – la première enquête nationale sur l’alimentation, 2022